« Mrmmm » marmonnement sans queue ni tête, presque un grognement. Puis un signe de vie plus manifeste : Emily fronça les sourcils, comme si à peine sortit des vapes du sommeil, elle sentait déjà un début de migraine. Puis elle ouvrit les yeux, les plissa, grogna autre chose et les referma. La lumière provenant de la fenêtre l’incommodait sérieusement, et avec l’esprit un peu plus vif à présent, elle se demanda qu’elle idiote l’avait laissé ouverte. Puis elle se redressa, et en eut toutes les peines du monde – mais dans quelle position s’était-elle endormit au juste pour avoir les jambes presque pendantes dans le vide ? Elle se retrouva assise dans son lit, sur les couvertures. Bien sûr, elle n’avait pas réussit à se glisser sous les couvertures, mais bon pour la différence que ça pouvait faire ! Elle jeta alors un coup d’œil à son cadran et fixa un endroit vide sur sa commode. Mais aucun cadran. Où était donc passé ce foutu appareil? Il ne pouvait pas avoir été bien loin, n’étant pas munit de jambe, et encore moins de vie! Emily regarda alors autour d’elle, puis son regard fut attiré par quelque chose au sol. Après un instant de confusion, ses yeux s’agrandirent. « Mais qu’est-ce que… » Son fameux cadran se retrouvait non loin du mur, en piteux état. Puis, tout lui revint en mémoire : pas la manière dont elle s’était rendue dans sa chambre – car cette partie demeurait vague - mais celle où, vers peut-être 10 heures du matin, son cadran avait sonné, un bruit cacophonique venu tout droit le l’enfer. Un bruit amplifier par sa soirée et sa nuit d’alcoolisme. Alors, elle avait presque bondit dans son lit, pour réduire à néant le réveil matin en le lançant au bout de ses bras. Mais, maintenant, elle en venait à penser que son état second ne lui avait pas simplement donner l’impression que le réveil sonnait à rompre les tympans, mais que quelqu’un l’avait intentionnellement mit dans le tapis et avait fait en sorte qu’il se déclanche à une heure précise. Oh ces colocataires de chambre allaient payer pour ça!

« Écoutes, t’es sympas mais est-ce que tu peux aller voir ailleurs si j’y suis ? » Bobby, sacré Bobby ! Après qu’Emily eut fait le nécessaire pour se nettoyer le visage, se rendre présentable et se changer, elle était sortit de sa chambre. Eh oui, elle avait croisé ce partenaire de travail ! Déjà la veille, il lui avait parler du devoir qu’ils avaient à faire ensemble. Et là, il revenait à l’assaut, à croire qu’il n’avait que ça en tête ! Eh bien, tout ça lui donnait la migraine. « Baisse d’un ton, je suis pas sourde » grogna t-elle en se frottant la tempe là où elle sentait pulser son cœur. « Emily, le délai est mardi… Je ne comprends pas, quand veux-tu que nous pratiquions ? Pas vendredi, pas samedi, pas… » Alors, Emily poussa un soupir à fendre l’âme et dit d'un ton fatigué - mais peut-être l'était-elle seulement de lui : « OK. Je te fais le topo, je me suis saoulé à mort hier… Ne fais pas cette tête, c’est la vérité. Là, j’ai l’impression d’être encore bourrée… ou d’avoir dormit dans une cuve d’alcool… Ce qui, en fait, revient au même. Alors, est-ce que tu crois que j’ai la tête à répéter ? », « Non ? » Bonne réponse ! Elle n’avait qu’une envie, celle de sortir dehors pour s’aérer l’esprit. Et peut-être aussi boire un café. Ça ne pourrait pas nuire en tout cas. « Bingo ! – J’étais sérieuse hier, texte moi ! Ça t’évitera de camper dans le couloir en attendant de me voir passer. » Elle sourit en coin en pensant à cette idée, car Bobby semblait toujours se promener dans les couloirs de l’université ou de la résidence, en tout cas elle le croisait souvent ses derniers temps ! Puis, elle s’éloigna, sans se faire arrêter par d’autre mot, laissant Bobby sans voix.

Muni de choses à lire, d’un verre remplie d’eau, d’un mini débardeur blanc, de culotte courte trop courte et de grosses lunettes de soleil – sa gueule de bois l’oblige presque -, Emily franchit le seuil séparant la résidence du dehors, et s’engagea en direction de la piscine où elle savait qu’elle trouverait du soleil sans arbre gênant pour l’occulter, et des chaises longues ou s’étendrent. Elle espérait juste, et croisait presque les doigts, pour qu’il n’y ait pas trop d’indésirable sur place. Elle en fut drôlement récompensée, car la piscine était déserte. Elle allait s’installer, lorsqu’elle crut voir quelqu’un qu’elle connaissait. Eh bien, pour une coïncidence s’en était une : Grace ! Elle résista alors à l’envie qu’elle avait de s’étendre sur la chaise qu’elle avait face à elle, et se dirigea vers la femme qui l’avait fait boire comme une dégénérée la veille, ou le matin, ou bref ! « Mais qui vois-je ? Ne serais-ce pas Grace-je-bois-plus-vite-que-mon-ombre ? » Après cette petite plaisanterie, elle déposa ses choses et s’installa sur un transat à côté de celui de Grace et soupira face à la détente de cette position.

« Qu'est-ce qui a ? t'as pas supporté la cuite d'hier ?! ». Emily grimaça à cette moquerie. Supporter n’était peut-être pas le bon terme. « J’ai pas survécu, tu veux dire ! J’ai dû laissé mon foie dans la chambre pour qu’il récupère. » Elle en rit. Couchée sur sa chaise longue, elle bougea à peine la tête pour parler avec Grace. Comme c’était reposant! Si elle se laissait aller, elle pourrait presque s’endormir là. « J'ai oublié la moitié de ce qu'il s'est passé, je me souviens même plus comment on est rentré » Autre rire. « La dernière chose que je me souviens vraiment c’était de danser avec un espagnol... ou quelque chose comme ça. » Emily haussa les épaules, un sourire au bord des lèvres, signe que finalement, la manière dont elles étaient rentrées importait peu. Au moins elles avaient réussit à le faire. « Toi aussi tu t'es dit que la piscine c'était le meilleur moyen de se remettre de cette merveilleuse soirée ?! » La piscine, le soleil, le plein air. Cent fois oui! Ça aidait bien plus que de rester enfermé à l’intérieur, prit entre 4 murs étouffants. « La place de rêve! Mais si les autres se mettent à penser comme nous, en se disant que cette place est déserte le week-end… et bien elle ne le sera pas longtemps! » Emily se redressa, étendit les bras, se prit de quoi lire et se recoucha confortablement. Plus distraitement qu’autre chose, elle survola une revue. Elle était un peu trop maganée pour réellement porter attention à ce qu’elle lisait. « Heatheeeeer ! ça fait plaisir de te voir ! Oui j'ai fais la tournée des bars avec Emily ! » Emily eut un petit sursaut et plissa des yeux sur le coup d’un retour de migraine : avait-on vraiment idée de crier comme ça ? Elle releva la tête pour voir la nouvelle venue, Heather, et abaissa son magazine. « Salut, Emily.. » Et Emily lui répondit sur le même ton : « Salut, Heather… » elle avait haussé un sourcil derrière ses lunettes, mais ça on ne pouvait pas vraiment le voir. Après, elle n’avait pas grand-chose de plus à lui dire. Elle se replongea dans sa lecture, alors que Grace répondait ne pas avoir encore récupéré de la veille. Tu m'étonnes !

Heather était inquiète pour Grace, la jeune brune n'était pas une grosse fêtarde mais elle n'était pas coincée pour autant, elle savait faire la fête mais n'était pas trop pour l'alcool. Grace trouvait la réaction de la jeune fille assez touchante, elle l'a considérait un peu comme ça grande soeur (malgré qu'elles aient le même âge). Heather s'installa à côté de la jeune blonde et s'étala de tout son long. « Fatigué, c'est peu de le dire ! Je n'en peux plus ! Ça fait 2 jours que je ne dors pas à cause de ce foutu book ! Dis toi que je dois l'avoir fini pour cette après-midi et que je suis là, avec toi, au bord de la piscine.. » Heather préférait donc abandonner son book pour l'après-midi et rester avec Grace, bonne idée, la jeune fille allait tout faire pour que la brune oublie pendant une petite après-midi ses problèmes. « Tu devrais te reposer... Mais on n'est pas là pour parler boulot ! » Ce n'était vraiment pas le moment de parler boulot, les trois jeunes filles avaient étaient toutes fatiguées pour une quelconque raison et venait à la piscine pour se détendre, évacuer le stress et se reposer ! Grace se recoucha face au soleil espérant prendre quelques couleurs (mais pas de coups de soleil!) comptant bien profiter de cette petite après-midi avec ses amies, elles étaient seules et elles devaient profiter du moment présent, qui sait, peut-être que dans quelques instants, une horde de nerd et gens en tout genres débouleront à la piscine et sèmeraient le chaos ! Mais une phrase prononcée par Heather perturba quelque peu Grace. « J'ai rêvé d'Ethan cette nuit.. » La jeune blonde se demanda d'abord comment rêver de lui, c'était un jeune homme ordinaire, sans problème et à sa connaissance elle n'avait pas vraiment de lien avec lui, mais il était mort, et c'était bien là le problème car son meurtrier courrait toujours. « Sa mort ta peut-être marqué» dit-elle simplement. Il est vrai que quiconque aurait vu le corps inerte du garçon aurait été marqué à vie. L'atmosphère était pesante et Grace voulut faire baisser la tension en blaguant, elle détestait ce genre d'atmosphère, comme si quelqu'un avait parlé d'une chose vraiment tabou. « Ou peut-être qu'il essaie de communiquer avec toi...! » Elle ponctua sa phrase d'un "bouuuuuuh" essayant d'imiter un fantôme et pouffa de rire. Elle ne pu s'empêcher de se demander pourquoi, et quel genre de rêve avait fait la jeune brune. « C'était... quel genre de rêve ? » Peut-être un rêve prémonitoire, peut-être avait-elle vu le tueur dans son rêve et pourrait facilement l'identifier. La phrase de Heather avait soulevé d'innombrable questions dans la tête de Grace, son sourire s'effaça peu à peu. « Et dire que le tueur cours toujours... Vous vous imaginez qu'il pourrait être dans l'une de nos chambres, voir pas loin de nous en train de nous observer...» La phrase qu'elle venait de prononcer lui donna des frissons, elle avait tout à fait raison, le meurtrier pouvait très bien être en train de les observer...

Emily poussa un faible soupire, ni plus ni moins, sans lever la tête de ses revues, et pas assez sonore pour s’être clairement fait entendre par les deux jeunes femmes qui discutait sur le fait qu’il ne faudrait pas se mettre dans un état pareil (ah, l’ivresse!), et encore de travail scolaire. Et puis, elle perdit vaguement le fil de la discussion. Mais il faut dire qu’elle ne cherchait pas réellement à la suivre, cette discussion. « J'ai rêvé d'Ethan cette nuit.. » Et pourtant, Emily capta très bien cette phrase. Elle releva tranquillement la tête de sa revue et son regard se posa sur Heather qui avait prononcé ses mots. Ethan. Avait-on idée d’un sujet plus morbide que celui-là ? Emily pencha un peu la tête sur le côté, se demandant alors s’ils avaient pu être proche. Oui, probablement, si elle avait rêvé de lui il fallait bien que cette histoire l’ait un minimum traumatisé. « Sa mort ta peut-être marqué » C’était Grace qui avait parlé. Peut-être pour comprendre son amie, l’aider si possible. Elle tourna la tête vers elle, puis revint sur Heather. C’était un sujet plutôt tabou dans le coin, ce qui était quand même normal, puisque le dénommé Ethan était mort… assassiné. Difficile de dire ce que Emily en pensait, derrière ses lunettes fumées, mais elle avait montré, après la mort d’Ethan, une certaine indifférence, alors que pourtant elle le connaissait. « Ou peut-être qu'il essaie de communiquer avec toi...! » Un sourire en coin vaguement ironique se dessina sur les traits d’Emily. Elle ne croyait pas à ce genre de chose. La pauvre Heather avait certainement fait un rêve dans lequel elle se revoyait s’amusant avec le jeune homme. Un rêve, ou même un souvenir nostalgique. Emily se pencha, déposa sa revue ennuyante, se prit autre chose et se remit en position allongée. « Et dire que le tueur cours toujours... Vous vous imaginez qu'il pourrait être dans l'une de nos chambres, voir pas loin de nous en train de nous observer...» Il y avait de quoi être inquiet. Ce n’était pas faux, ce que disait Grace : une personne présente lors de cette fête avait tué Ethan. Pas n’importe qui. Pas une personne anonyme sortant d’une ruelle sombre et déserte. « Il pourrait être plus près qu’on le croit… T’imagines, être en train de discuter avec lui, l’inviter dans ta chambre, dans une soirée, à la piscine… sans même savoir que c’est lui ? Mais lui il le sait, évidemment. Et il sait qu’on ignore. Ça l’amuse peut-être. » Ok, 5 points pour le discours inquiétant. Mais croyait-elle seulement ce qu’elle venait de dire, ou avait-elle juste eu envie de dire une chose pareil ? Alors, après ce ton sérieux et inquiétant, elle sourit en tournant la tête sur sa nouvelle lecture. Non, apparemment elle était insouciante et avait juste voulu en rajouter un peu plus sur ce que Grace avait dit.

« C'est vrai.. Il est peut très bien être avec là, au bord de la piscine. C'est peut être même Emily qui sait ? Ne le prend pas mal, je donne juste un exemple.. » Emily tourna alors de nouveau la tête vers Heather et la fixa. Étais-ce une espèce d’accusation ? Oh mais, c’est que ça en avait bien l’air ! La jeune femme serra alors les dents, pour s’éviter de dire une connerie. Mais il y avait déjà de la tension dans l’air, on ne pouvait pas réellement y échapper. Son visage était figée dans le marbre, et on avait toujours aucune idée de ce que pouvait dire ses yeux, peut-être étaient-ils glacial, à l’instant présent. Oui, le tueur ou la tueuse pourrait être encore plus près qu’on se l’imaginait. Emily, pourquoi pas ? Elle faisait un bon suspect, et de ça elle en était pleinement consciente. Heather les avait donc vu se disputer, le soir du meurtre ? Plusieurs personnes les avaient vu, ce qui ne jouait franchement pas en sa faveur. C’était peut-être une phrase jeté dans le vide. Ou une allégation. Il n'y avait aucune preuve. Alors, Emily entendit le rire nerveux de Grace, mais elle ne releva pas la tête pour la regarder. Cette situation la m’était mal à l’aise. Alors, elle aussi pensait qu’Heather l’accusait ? Ce n’était donc pas seulement une impression qu’elle s’était imaginée. « Oui peut être, mais Emily est de toute façon incapable de tuer qui que ce soit, comme dit, ça pourrait être n'importe qui... » Alors, Emily afficha un sourire; un sourire qui était déplacé à cet instant précis; un sourire qui n’était pas fait pour lever le doute sur elle. Elle tourna un peu la tête vers Grace. « Non, elle n’a pas tord. Ça pourrait très bien être moi. » L’admettait-elle elle-même ? Non, elle alimentait plutôt l’esprit créatif d’Heather. Elle tourna la tête vers cette dernière, et rajouta : « Tout comme ce pourrait être Heather. Dans un film d’horreur, elle ferait le suspect parfait. Elle joue le rôle de la victime profondément blessée par la mort d’Ethan, révoltée contre ses possibles meurtriers… et à la fin on se rend compte qu’elle jouait le jeu, pour détourner les regards. C’est astucieux ! »

« C'est vrai. Seulement je ne me suis pas disputé avec la victime, la veille du meurtre. Je ne suis pas non plus resté de marbre lorsque j'ai appris sa mort et même si on ne connaissait pas Ethan comment peut-on rester neutre ? C'était un étudiant comme toi et moi ! » Les traits d’Emily se figèrent et elle se redressa sur sa chaise longue, comme piquer par un moustique. Les voilà, les accusations qui pesaient sur elle. Elle ne pouvait pas nier s’être disputé avec Ethan : plusieurs personnes pouvaient témoigner du contraire. « C’était un idiot ! » La voilà qui perdait son masque. Elle ne pouvait pas non plus nier être resté de marbre à l’annonce de sa mort : on avait pu le voir sur son visage. Elle n’avait pas eu à dire ce qu’elle en pensait, personne ne lui avait demandé, alors son visage avait dû parler pour elle, en son nom. Mais si on avait osé la questionner à ce sujet, et si on le faisait maintenant, Emily ne dirait rien, ni le motif de la dispute, ni comment elle s’est terminée, ni quoi que se soit d’autre. Rien concernant Ethan ne pouvait être en sa faveur. Heather lui en voulait-elle seulement pour avoir été si insensible ? « Je suis désolé Grace.. Je n'aurais pas dû m'énerver comme ça. Tout ça est ridicule. Je pense que d'un côté penser que c'est toi, Emily, qui l'a tué ça me rassure. Oui car comme ça je ne pense pas à la possibilité qu'une personne soit en train de nous observer et peut être même de nous inscrire sur la liste des victimes suivantes. » Brève tentative pour calmer le jeu, après ce qu’elle avait fait. Peut-être était-elle sincère, elle le semblait. Mais Emily avait tendance à être directe, spontanée… « Non mais je rêve ?! Vous avez entendu un peu ce que vous avez dit ?! On parle d'un meurtrier, d'un VRAI, vous pensez vraiment que s'il était parmi nous il le dirait haut et fort "Hého c'est moi j'suis là !", non mais faut arrêter un peu ! » Surprise par l’intervention de Grace, Emily tourna vivement la tête vers elle. C’était elle qui était en colère maintenant ? Ce n’était pas vraiment son droit. Emily avait le droit, c’était elle qu’on avait accusée. Elle qui était le suspect idéal. « C'est pas vrai, s'accuser mutuellement, vous avez quel âge ?! On était censé passer un après-midi entre amie ! Je vous laisse donc vous battre entre vous! » Et Grace s’en alla, théâtralement, pour aller s’installer plus loin. Emily lui jeta un coup d’œil, avant de revenir à Heather. Emily était spontanée, directe. Et il semblait l’y avoir un peu de frustration dans sa voix. Légitime, malgré tout. Réaction qu’aurait toute personne normale si on l’aurait accusé de meurtre. « Pensée que j’ai fait le coup te rassure? Est-ce que c’est parce que tu peux mettre un visage sur le meurtrier? Parce que c’est rassurant de savoir à quoi tu a affaire? Quelque chose de réel, et non tapis dans l’ombre. C’est bien ça? Eh bien, moi, si j’étais à ta place, ça m’inquièterais plus de pensée savoir qui s’est, parce que si j’avais raison sur la personne en question… » son ton se fit plus moqueur : « …et qu’elle en venait à l’apprendre, imagine la réaction insensé qu’elle aurait pour te faire taire. » Elle se saisit de son verre d’eau et se leva à son tour pour toiser Heather de toute sa hauteur. « La curiosité est un vilain défaut. Vas jouer au détective plus loin. Non, mieux, démissionne de ton poste et laisse faire les policiers, parce que ce genre de truc ne se finit jamais bien. » Simple fait, après tout, même si ça ressemblait presque à une menace de sa part. Mais bon, simple fait… tout ceux qui, dans les films ou les émissions essayaient de jouer au détective se retrouvait en de mauvaises postures avant la fin de l’émission. Puis, elle s’éloigna, en direction de la piscine, car elle sentait son cœur se débattre dans sa poitrine sous le coup de l’irritation, probablement, et la pulsation se répercuter dans sa tête.

« Excuse moi de m'intéresser au meurtre d'un de mes amis ! » Et qu’est-ce que Ethan avait été pour elle ? Un ami ? Pas réellement. Certainement pas. Une connaissance, vaguement. Plus de bas que de haut. Et la dernière fois avait été un de ses moments bas dans leur relation compliquée. « Et puis même si ce n'est pas toi tu ne peux pas rester de marbre comme ça toute ta vie ! Tu es la dernière personne à l'avoir vu en vie et pourquoi ? Pour l'insulter. Je ne sais pas ce qu'il t'a fait ce soir-là mais je sais qu'il ne le méritait pas ! » Bien sûr qu’il le méritait! Du moins, il l’avait mérité, sur le coup. Emily savait au moins ça. Devait-elle se sentir coupable de s’être disputer avec lui, de l’avoir insulté ? Ce serait injuste pour elle qui était encore vivante de se morfondre dans un sentiment pareil alors qu’il n’y avait plus rien d’autre à faire. S’il ne s’était pas s’agit des derniers instants, de la dernière soirée d’Ethan, cette dispute n’aurait eu aucune importance. Une parmi d’autre. « Ne fait pas semblant de ne pas être effrayé Emily car tu es comme tout le monde, apeuré ! Je suis désolé d'avoir porté ces accusations sur toi, mais si on devait laisser faire la police, à la fin de l'année nous y serions encore ! » Probablement, oui. Mais étais-ce une raison pour l’avoir accusé? Pourquoi elle parmit toutes les personnes susceptible d’avoir fait le coup ? Était-ce une raison pour courir après le meurtrier ? « Bien sûr, accuser à tord et à travers, ça aide! » Franchement, les policiers, même s’ils mettaient une année avant de trouver le coupable, au moins étaient-ils équipés pour le faire. Qui pouvaient-ils, eux autres ? Ils pouvaient certes questionner tout le monde, accuser les uns et les autres, mais ça ne mènerait nulle part. Puis, il y eut des larmes : Heather pleurait. Et, devant ses larmes, Emily ne savait trop comment se comporter. Devait-elle se sentir mal ? Se moquer d’elle ? La prendre en pitié était exclue. La consoler également. Partir semblait la solution la plus indiquer. Partir avant d’ajouter quelque chose qui pourrait être blessant. Grace arriva alors comme un boulet de canon projeté à mille à l’heure sur sa cible, cible qu’elle étreignit fortement. Puit elle ouvrit les yeux et regarda Emily. Elle n’avait pas intérêt à lui mettre tout ça sur le dos. Ce n’était pas elle qui avait aborder ce stupide sujet alors qu'elle sortait d'une cuite, pas elle qui l’avait accusée et qui osait mettre le nom de "peur" sur ses propres sentiments mitigés. « On arrête de parler de ça, on change de sujet et on fait comme-ci de rien n'était. Lancer des accusations comme ça c'était bête mais voilà, au moins elle a était franche. On va juste passer une journée entre amie et éviter le bain de sang. Vu comme vous étiez partis, je crois que ça aurait fini en baston » Emily se rendit alors compte qu’elle serrait son verre à s’en blanchir les jointure, signe extérieur de sa frustration intérieur. Mais elle ne l’avait pas fait explosé. Elle n’avait pas dit de bêtise et n’avait pas balancer de l’eau au visage d’Heather plus tôt. « Ce n’aurait certainement pas été ma faute… » Et, à cette réponse, Emily avait jeté un regard presque acérée à Heather. Puis, elle prit une grande respiration, soupira, ce qui eut pour effet de libérer la tension, et s’installa sur son transat, vida son verre et se prit quelque chose d’autre à lire, prête à oublier cette scène au profit de la journée si on ne revenait pas inutilement sur le sujet. Car si ça arrivait, elle savait qu’elle ne se contrôlerait pas. Une journée entre amie… Emily avait dû se retenir pour rétorquer qu’Heather n’était pas son amie.

De retour sur son transat, Emily remit ses lunettes de soleil en place, et ferma les yeux pour faire le vide. Et puis, rapidement, elle entendit le bruit d’un objet qui était tombé, ou qu’on avait laissé tomber. À ce moment, elle releva la tête, un peu curieuse de voir de quoi il s’agissait ; Heather qui craquait encore? Grace avait la tête tournée vers elle, interloquée. Pourquoi donc cette face ? Elle n’avait rien fait. « Que..qu'est-ce qui a ? C'est qui ? » Elle tourna la tête vers Heather, remarqua le cellulaire, et fit le lien. Mais que ce passait-il, voyons ? Une mauvaise nouvelle, oui, c’était clair. Pourquoi une telle réaction pour une mauvaise nouvelle ? Ce ne pouvait pas être si pire que ça. « Tu sais où tu peux te le foutre ton texto ?! Ne croit pas qu'en plus tu vas nous diriger après ce que tu as fais ! POURRITURE ! » Emily avait sursauté. Pourquoi Heather criait-elle encore ? D’ailleurs, pourquoi pleurait-elle encore ? La jeune femme se redressa sur son transat et demanda à Grace : « Qu’est-ce qui se passe ? » « Je crois qu'on a un problème... » Un problème, oui, ça en avait bien l’air. Emily attrapa le portable, releva ses lunettes sur sa tête et lut le message. D’abord rapidement, puis tranquillement comme si elle assimilait l’importance, l’ampleur du message. C’était une blague, une mauvaise blague, comme pouvait-il…. « Montre toi ! Montre toi maintenant » C’était la pire idée à vie ! Ou peut-être pas. Que ce passerait-il s’il le faisait ? Peur-être serais-ce amusant de pouvoir enfin voir l'auteur des mails et autre. Mais ça n’arriverait pas, pas en plein jour, pas comme ça. Emily, davantage sous contrôle, tourna la tête pour regarder les alentours. Il était là, où avait été là. Monsieur –D qui leur envoyait des messages, qui semblait être partout et tout savoir. Emily sortit du transat et se mit debout. Elle tourna lentement sur elle-même. « Tu fais le fier par texto, mais là t'oses pas te montrer hein, viens, on t'attend ! » Et Emily cessa pendant quelques secondes de regarder les parages pour porter son regard sur Grace. Cette dernière semblait à la limite de la crise de nerf. Ou peut-être l’avait-elle même dépassée. « Je ne crois pas que ce soit une bonne idée de l’énerver… » Et malgré tout, alors qu’elle se disait que ce n’était qu’un stupide texto, elle ne pu empêcher l’inquiétude des deux autres filles l’atteindre. L'inquiétude, mais autre chose aussi. « Il cherche juste à nous faire peur, on est trois, il osera pas sortir de sa cachette… T'en fais pas. » Si ça pouvait consoler Heather ! Emily avait rétorqué : « Et ils sont toujours une dizaine, aussi, au début, dans les films d’horreurs » Ça n’avait pas eu comme but de faire peur ou d’affoler, même si ce n'était pas rassurant. Non, ça ressemblait à une mise au point : ce n’était pas parce qu’on se trouvait sous un lampadaire dans la nuit qu’on se retrouvait protégé; non, c’était juste plus rassurant. Mais alors elle secoua la tête de gauche à droite. « Désolé… On est en plein jour, il ne va pas sortir, ça gâcherait tout. Il pourrait se faire prendre, il… Non, il ne pourrait plus jouer à envoyer d’effrayants textos s’il fait ça. » Et elle continua pour elle-même : « Ce serait trop tôt, ça ne rimerait à rien »