« Excuse moi de m'intéresser au meurtre d'un de mes amis ! » Et qu’est-ce que Ethan avait été pour elle ? Un ami ? Pas réellement. Certainement pas. Une connaissance, vaguement. Plus de bas que de haut. Et la dernière fois avait été un de ses moments bas dans leur relation compliquée. « Et puis même si ce n'est pas toi tu ne peux pas rester de marbre comme ça toute ta vie ! Tu es la dernière personne à l'avoir vu en vie et pourquoi ? Pour l'insulter. Je ne sais pas ce qu'il t'a fait ce soir-là mais je sais qu'il ne le méritait pas ! » Bien sûr qu’il le méritait! Du moins, il l’avait mérité, sur le coup. Emily savait au moins ça. Devait-elle se sentir coupable de s’être disputer avec lui, de l’avoir insulté ? Ce serait injuste pour elle qui était encore vivante de se morfondre dans un sentiment pareil alors qu’il n’y avait plus rien d’autre à faire. S’il ne s’était pas s’agit des derniers instants, de la dernière soirée d’Ethan, cette dispute n’aurait eu aucune importance. Une parmi d’autre. « Ne fait pas semblant de ne pas être effrayé Emily car tu es comme tout le monde, apeuré ! Je suis désolé d'avoir porté ces accusations sur toi, mais si on devait laisser faire la police, à la fin de l'année nous y serions encore ! » Probablement, oui. Mais étais-ce une raison pour l’avoir accusé? Pourquoi elle parmit toutes les personnes susceptible d’avoir fait le coup ? Était-ce une raison pour courir après le meurtrier ? « Bien sûr, accuser à tord et à travers, ça aide! » Franchement, les policiers, même s’ils mettaient une année avant de trouver le coupable, au moins étaient-ils équipés pour le faire. Qui pouvaient-ils, eux autres ? Ils pouvaient certes questionner tout le monde, accuser les uns et les autres, mais ça ne mènerait nulle part. Puis, il y eut des larmes : Heather pleurait. Et, devant ses larmes, Emily ne savait trop comment se comporter. Devait-elle se sentir mal ? Se moquer d’elle ? La prendre en pitié était exclue. La consoler également. Partir semblait la solution la plus indiquer. Partir avant d’ajouter quelque chose qui pourrait être blessant. Grace arriva alors comme un boulet de canon projeté à mille à l’heure sur sa cible, cible qu’elle étreignit fortement. Puit elle ouvrit les yeux et regarda Emily. Elle n’avait pas intérêt à lui mettre tout ça sur le dos. Ce n’était pas elle qui avait aborder ce stupide sujet alors qu'elle sortait d'une cuite, pas elle qui l’avait accusée et qui osait mettre le nom de "peur" sur ses propres sentiments mitigés. « On arrête de parler de ça, on change de sujet et on fait comme-ci de rien n'était. Lancer des accusations comme ça c'était bête mais voilà, au moins elle a était franche. On va juste passer une journée entre amie et éviter le bain de sang. Vu comme vous étiez partis, je crois que ça aurait fini en baston » Emily se rendit alors compte qu’elle serrait son verre à s’en blanchir les jointure, signe extérieur de sa frustration intérieur. Mais elle ne l’avait pas fait explosé. Elle n’avait pas dit de bêtise et n’avait pas balancer de l’eau au visage d’Heather plus tôt. « Ce n’aurait certainement pas été ma faute… » Et, à cette réponse, Emily avait jeté un regard presque acérée à Heather. Puis, elle prit une grande respiration, soupira, ce qui eut pour effet de libérer la tension, et s’installa sur son transat, vida son verre et se prit quelque chose d’autre à lire, prête à oublier cette scène au profit de la journée si on ne revenait pas inutilement sur le sujet. Car si ça arrivait, elle savait qu’elle ne se contrôlerait pas. Une journée entre amie… Emily avait dû se retenir pour rétorquer qu’Heather n’était pas son amie.

De retour sur son transat, Emily remit ses lunettes de soleil en place, et ferma les yeux pour faire le vide. Et puis, rapidement, elle entendit le bruit d’un objet qui était tombé, ou qu’on avait laissé tomber. À ce moment, elle releva la tête, un peu curieuse de voir de quoi il s’agissait ; Heather qui craquait encore? Grace avait la tête tournée vers elle, interloquée. Pourquoi donc cette face ? Elle n’avait rien fait. « Que..qu'est-ce qui a ? C'est qui ? » Elle tourna la tête vers Heather, remarqua le cellulaire, et fit le lien. Mais que ce passait-il, voyons ? Une mauvaise nouvelle, oui, c’était clair. Pourquoi une telle réaction pour une mauvaise nouvelle ? Ce ne pouvait pas être si pire que ça. « Tu sais où tu peux te le foutre ton texto ?! Ne croit pas qu'en plus tu vas nous diriger après ce que tu as fais ! POURRITURE ! » Emily avait sursauté. Pourquoi Heather criait-elle encore ? D’ailleurs, pourquoi pleurait-elle encore ? La jeune femme se redressa sur son transat et demanda à Grace : « Qu’est-ce qui se passe ? » « Je crois qu'on a un problème... » Un problème, oui, ça en avait bien l’air. Emily attrapa le portable, releva ses lunettes sur sa tête et lut le message. D’abord rapidement, puis tranquillement comme si elle assimilait l’importance, l’ampleur du message. C’était une blague, une mauvaise blague, comme pouvait-il…. « Montre toi ! Montre toi maintenant » C’était la pire idée à vie ! Ou peut-être pas. Que ce passerait-il s’il le faisait ? Peur-être serais-ce amusant de pouvoir enfin voir l'auteur des mails et autre. Mais ça n’arriverait pas, pas en plein jour, pas comme ça. Emily, davantage sous contrôle, tourna la tête pour regarder les alentours. Il était là, où avait été là. Monsieur –D qui leur envoyait des messages, qui semblait être partout et tout savoir. Emily sortit du transat et se mit debout. Elle tourna lentement sur elle-même. « Tu fais le fier par texto, mais là t'oses pas te montrer hein, viens, on t'attend ! » Et Emily cessa pendant quelques secondes de regarder les parages pour porter son regard sur Grace. Cette dernière semblait à la limite de la crise de nerf. Ou peut-être l’avait-elle même dépassée. « Je ne crois pas que ce soit une bonne idée de l’énerver… » Et malgré tout, alors qu’elle se disait que ce n’était qu’un stupide texto, elle ne pu empêcher l’inquiétude des deux autres filles l’atteindre. L'inquiétude, mais autre chose aussi. « Il cherche juste à nous faire peur, on est trois, il osera pas sortir de sa cachette… T'en fais pas. » Si ça pouvait consoler Heather ! Emily avait rétorqué : « Et ils sont toujours une dizaine, aussi, au début, dans les films d’horreurs » Ça n’avait pas eu comme but de faire peur ou d’affoler, même si ce n'était pas rassurant. Non, ça ressemblait à une mise au point : ce n’était pas parce qu’on se trouvait sous un lampadaire dans la nuit qu’on se retrouvait protégé; non, c’était juste plus rassurant. Mais alors elle secoua la tête de gauche à droite. « Désolé… On est en plein jour, il ne va pas sortir, ça gâcherait tout. Il pourrait se faire prendre, il… Non, il ne pourrait plus jouer à envoyer d’effrayants textos s’il fait ça. » Et elle continua pour elle-même : « Ce serait trop tôt, ça ne rimerait à rien »