« Emily, toi tu en penses quoi ? » La Emily en question releva la tête de ses pensées et regarda la jeune femme qui venait de lui poser cette question. Elle sembla alors un peu perdue et chercha la réponse la plus appropriée dans ce genre de situation. « Je pense que c’est… bien ? » Peut-être aurait-elle pu y mettre plus de conviction. Voyant que l’autre était très sceptique quant à la réponse bidon et hors contexte qu’elle lui avait fourni, un sourire se dessina sur ses traits. « Désolé, je n’écoutais pas, vous disiez ? » Elle tourna simultanément la tête vers les 3 filles rassemblées là, à cette table, dans ce bar tranquille. « Je disais qu’il n’y avait pas beaucoup d’homme potable, aujourd’hui ! » Et se fut dit avec une bonne humeur, comme si elle ne se formalisait pas du tout que son amie n’eut pas suivit la discussion, ni pourquoi. Alors, Emily se redressa sur son banc et s’accouda à la table. Elle en rit, puis promena les yeux le long du bar. Elle conclut alors, en pointant du doigt les hommes en question au fur et à mesure de ses paroles ; « C’est faux. Y’a déjà… cet homme là-bas; lui dans le fond; celui à la table et… celui-là ça peut se discuter mais, près de la porte là-bas. ». Et puis, elle se rassit confortablement, presque satisfaite de son analyse. « Moui… d’accord. Mais ils sont tous… casés ! » Un rire franc échappa à Emily : « Et depuis quand ça t’arrêtes ? » L’autre ne dit rien, trouvant peut-être qu’Emily avait franchement raison, et tous finirent par en rire. « Hum! T’as vu, lui là bas, près du bar ? Seul en plus ! » Une autre des trois filles. Non, Emily n’avait pas vu. De fait, elle pensait à trop de chose pour y porter réellement attention comme à son habitude. Elle le regarda du coin de l’œil. « Tu parles du chauve, ou de celui qui vient de regarder dans notre direction ? » Alors, les deux autres filles en rirent, et l’autre s’exclama : « L’autre voyons, pas le… chauve! ». Une autre surenchérit en regardant Emily : « Je suis sûr que c’est toi qu’il regardait ». Et Emily trouva ça amusant, car elle était persuadée du contraire. Lui, pauvre homme qui n’avait fait que tourné la tête dans leur direction quelques secondes. Alors, elle lui renvoya : « Eh bien, moi je suis sûr que c’est toi ! ». La fille se pencha dans sa direction et, avec l’air qu’elle prenait, Emily sut immédiatement qu’elle mijotait quelque chose, ce qui la fit sourire. « Je paris que tu n’es pas game d’aller le voir pour en avoir le cœur net. » La jeune fille en théâtre faillit s’étouffer avec sa boisson. « Pas game ? » répéta t-elle. Les trois filles se regardèrent entre elles, malicieuses. Cela ressemblait à s’y m’éprendre à un coup monté. La troisième parla : « Et moi je dis que tu n’es pas game de l’embrasser. » La joueuse en elle refit alors surface, elle se redressa et une petite étincelle brilla dans ses yeux quand elle répondit : « Vous me mettez au défi d’aller l’embrasser ? Et je gagne quoi, au juste ? » Presqu’à l’unisson, les filles mirent de l’argent sur la table. Emily termina d’un trait sa boisson déjà presque vide et se dirigea vers l’homme. Elle se plaça à ses côtés et dit avec un sourire, mais aussi avec l’air de s’excuser d’avance : « Bonjour! Désolé de vous dérangez et vous allez sûrement trouver ça immature ou autre, parce que ce l’est mais… mes amies là-derrière m’ont mise au défi de vous embrassez. » La franchise, n’est-ce pas beau !

« Ahh je vois... Et moi je gagne quoi à t'aider à part me faire charrier toute la soirée par mes amis? » Le sourire d’Emily s’agrandit devant cette réplique et le sourire complice du jeune inconnu. Son amie avait quand même raison, il avait un petit quelque chose de craquant. Elle tourna la tête et regarda brièvement dans la salle, à la vague recherche de quelque chose. Son regard se porta sur une table composé d’homme d’a peu près le même âge. L’un d’eux semblait particulièrement les regarder, avec un drôle de sourire. Ce devait être les amis en question, du moins Emily aurait parié dessus. La jeune femme reporta alors son attention sur Taylor. « Oh, je vois ! » Elle eut un petit rire devant le comique de cette situation, car elle était persuadée qu’il se passait la même chose à la table où elle avait laissé ses trois amies, et qu’elle se ferait aussi harceler toute la soirée pour son bon compte. « Eh bien, à ce que je vois, celui qui nous regarde devrait quand même te charrier un petit moment… mais moins que si on s’embrassait, c’est sûr. » Elle eut l’air de réfléchir à la question initiale. Qu’avait-il à y gagner? Bonne question! Emily, elle, allait y gagner de l’argent. « Je préviens, il faut que ce soit un vrai baiser, pas un truc chaste bidon, mes amies derrière regarde et si elles pouvaient avoir accès à une paire de jumelle… eh bien je suis sûr qu’elles l’utiliseraient pour être sûr que je ne triche pas ! » Ce n’était que normal qu’elle compensât pour les taquineries qu’il recevrait de la part de ses si bons amis, si du moins il acceptait ! Son regard descendit aux mains de l’inconnu, puis au bar, comme si elle cherchait la présence de boisson lui appartenant. Elle fixa de nouveau son regard dans le sien. « Je te paye un verre, peut-être ? ».

Le non verbal du jeune homme dégageait un non irrévocable. N’importe qui aurait accepté. N’importe qui aurait profité de cette situation. Mais quel genre d’homme était-il ? Du genre qui ne se laissait pas aller, en tout cas. Son éclat de rire avait été agressant à ses oreilles, et Emily avait espéré que ses bonnes amies ne manquaient rien de la scène, car elle ne la rejouerait pas pour leur bon plaisir. Mais Emily était femme de caractère, fonceuse, et elle n’aimait pas particulièrement quand on lui refusait quelque chose. C’était un jeu. Elle était joueuse, alors elle participait. Au moins, on ne pourrait pas dire qu’elle n'avait pas tout essayé, si elle échouait. Ce qui menaçait d'être le cas! Mais pourquoi devrait-il en être ainsi ? Lui payer un verre, n’aurait-elle pas pu trouver mieux ? Comme par magie, alors qu’elle prononçait ses mots, la fée de la livraison apporta son verre à monsieur. Monsieur qui, apparemment, n’avait pas besoin d’elle pour obtenir un verre. Emily eut alors un sourire ironique. Ecoute... tu m'as l'air d'être une file très gentille Et elle le garda, se sourire ironique, sentant arriver le mais monumental qui gâcherait toute cette phrase. Mais là tu vois j'ai pas le temps de jouer à vos divertissements de gamines Mais ne l’avait-elle pas prévenu ? Elle le lui avait dit, qu’il trouverait ça immature. Elle avait prévu le coup! Il ne pouvait pas lui en vouloir pour ça. Emily n’apprécia toute fois pas la manière dont la phrase fut dite. Divertissement de gamine… autant la traitée de gamine, tant qu’à y être. Et peut-être étais-ce justement ce qu’il pensait. Très certainement. Alors sois aimable passe une bonne soirée de ton côté et moi je m'occupe de la mienne! Le sourire d’Emily s’agrandit comme si elle comprenait fort bien ce qu’il disait, et en même temps il semblait un brin insolent. C’est le plus naturellement du monde qu’elle répondit : « Tu es un gars bien étrange toi… tu ne veux pas que je te paye un verre, et à voir ta face je suppose que l’argent aussi ne t’intéresse pas. Rien ne te feras changer d’avis ? » On ne sait jamais. Mais Emily sentait qu’elle savait déjà la réponse à cette question. Elle haussa un sourcil, leva la main pour l’arrêter et lui rétorqua à son tour : « Je ne te plais pas, peut-être ? Eh bien toi non plus, figures toi. Mais franchement ça ne t’obliges pas à te montrer désagréable, je ne pense pas l’avoir été moi. »

" Je ne te plais pas?! Vraiment?! C'est bien dommage, crois moi parce que j'en ai strictement rien à battre ce qu'une fille comme toi peut penser de moi et puis je te rassure que si t'avais été... " Ce qu’une fille comme elle pouvait penser de lui ? Qu’est-ce que ça voulait dire, ça ? Cela ressemblait fort à une insulte dans la bouche de cet homme mal élevé. Non, ça ne faisait pas juste ressembler à une insulte, s’en était une. Comme si la rabaisser était sa contre-attaque contre ce qu’elle lui avait dit. L’homme sembla dérangé par son portable, du coup Emily ne put pas savoir ce qui était censé la rassurer. Quoi qu’elle se doutât qu’il ne l’aurait nullement rassurer. Emily serra les dents, par parce qu’elle sentait le poisson lui échapper, mais parce qu’elle sentait revenir une ancienne sensation : celle que ses amies lui avaient fait un coup monté ! Et aussi, mais surtout, parce que cet homme lui était très désagréable. Il avait beau avoir un certain charme, là s’arrêtait son intérêt. La jeune femme avait été dans ce bar dans l’intention de se détendre un peu, et non pour se faire traiter de gamine. Non, en fait, c’était ses trois bonnes amies qui l’avaient traînées de force dans ce bar. Bah, on ne pouvait pas leur en vouloir après tout si cette scène n’avait pas l’air de la scène d’amusement qu’elle aurait dû. Puis l’homme rangea son téléphone et la regarda et Emily se demanda ce qui pouvait bien être en train de lui passer par la tête ; une nouvelle insulte ? " On s'embrasse et je te revois plus? " Oh la! Il changeait d’avis ? Tout d’un coup, comme ça ? Emily le regarda d’un air sceptique, et elle avait de quoi l’être. C’était quoi ce plan ? On s’embrasse et je te revois plus… Oui, sur ce coup, l’homme pourrait être content : Emily n'avait effectivement aucune idée de le revoir. Mais pas plus qu’elle en avait de l’embrasser… Peut-être étais-ce l’effet d’un peu d’amour propre, ou bien parce que ce jeu ne l’amusait plus, ou encore parce que, tout compte fait, elle préférait payer de sa poche ses amies qu’embrasser cet homme qui s’était montré particulièrement désagréable et qui aux premiers instants de leur rencontre avait clairement montré qu’elle l’importunait. Elle dit alors, d’un ton sec : « Tu sais quoi ? Tu vas être content, j’ai changé d’avis. Amuses-toi bien avec tes amis, je retourne aux miennes. » Et elle tourna les talons et s'éloigna.

Emily retourna donc bredouille à sa table, mais pas nécessairement fâchée ou déçue de l’être. Elle était très consciente des regards qui pesaient sur elle. Des regards qui semblaient satisfaits, amusés. Des regards qui semblaient dire : tu as perdu! Et bien oui, certes, elle avait perdu. Mais quoi exactement ? De l’argent, ça oui. Mais au moins son amour propre était intact. Quand même, embrasser un homme qui vous rabaissait, ça n’avait rien de bon pour l’ego. Quelle genre de victoire aurais-ce été là? Alors, Emily promena son propre regard sur les trois jeunes femmes, un sourcil arqué. L’une d’elle se lança, avec un petit sourire en coin : « Eh bien ? » minaudait-elle. Mais, eh bien, elles étaient au courant, quand même. C’était vrai, ce qu’Emily avait dit à l’inconnu du bar : si ces amies auraient pu mettre la main sur des jumelles – des télescopes même ! – elles l’auraient utilisé pour voir la scène. Mais, longue vue ou non, elles n’avaient rien manqué. « Eh bien… » Commença t-elle et elle s’arrêta, avec un rictus au bord des lèvres, presque amusée en comprenant que la jeune femme voulait l’entendre de sa bouche. Heureusement, Emily n’était pas une mauvaise perdante. « …On dirait bien qu’il va pleuvoir de l’argent à cette table ce soir. » Mais elles semblaient en mal de ragots croustillants à ce mettre sous la dent : « Tu ne l’as pas… Il ne t’as pas… » Et il y avait surtout de l’incompréhension dans cette voix. Une autre répliqua : « Il est difficile, celui-là ! » Mais, cela ne la dérangeait pas vraiment. Même, elle était contente que cet homme fût difficile à ce point pour refuser d’embrasser son amie. Enfin, Emily aurait réagit de la même manière, certainement, si elle avait gagné. Elle aurait voulu gagner, évidemment, mais il y avait eu un tout autre prix à payer pour ça, et elle n’avait pas été prête à le mettre dans la balance. « Difficile ? Oh, non, je ne dirais pas ça ! Coincé, ça oui. Et grossier, mille fois! » Les filles se regardèrent entre elles, avant de regarder de nouveau Emily. Et alors, elles se mirent toutes à parler en même temps. Lançant des commentaires et des hypothèses farfelues, riant même de ce qu’elles disaient. Et Emily ponctua leurs phrases et leurs questions par le récit sommaire de cette aventure, gardant pour elle la fin. Et la jeune femme en théâtre dû admettre que ces amies avaient de la ressource au niveau de l’imagination. Finalement, elle se retrouva à en rire elle-même. Il le fallait bien, après tout. Et puis, à un moment, l’une d’elles dit presque de manière banale : « En vérité, tu n’avais aucune chance. » Emily haussa alors un sourcil. Aucune chance ? Quelle drôle d’idée ! « Je crois que je l’ai dans un de mes cours… à moins que ce soit une de mes amies qui… Enfin, il s’appelle… Un grognement irrité, comme si elle tentait de se le rappeler : C’est un nom insignifiant, du genre Raphaël, ou Max…» « Ou Matt, Gabriel ? » Et alors, les deux autres jeunes femmes à la table mirent leur petit grain de sable, nommant des noms au hasard qui, au final, mélangèrent plus que n’aidèrent la pauvre. « Oui, bon, bref ! Ça n’a pas l’air son genre. » Et une autre de répliquer : « Hey ! Et si on l’appelait Bob ? Pour les besoins de la cause, voyez, faut bien lui trouver un nom. » Un sourire apparut sur le visage d’Emily. « Eh bien, Bob-quel-que-soit-son-nom et même si ce n’est pas trop son style avait changé d’avis à la fin. » Et les autres femmes ne comprirent alors pas pourquoi Emily revenait bredouille dans ce cas. Emily en question se redressa et déposa de l’argent sur la table, la mise de chacune, et conclut : « J’ai dis non ». Elle partit ainsi, laissant ses amies avides d’en savoir plus. Elle pu pendant un bref moment, avant que le bruit de la place ne couvre leur voix, les entendre se remettre à parler vivement. Et elle eut un bref sourire, comme si elle avait fait exprès de le leur dire, comme si elle était satisfaite de sa sortie.

Elle allait partir, sortir de ce bar dans lequel on l’avait trainée. Mais tout juste avant la porte de sortie, alors qu’il ne lui restait qu’une dizaine de pas à faire, quelqu’un l’agrippa et l’entraîna avec elle. Elle poussa d’abord un son de protestation, surprise, et remarqua qu’il s’agissait de l’inconnu du bar – alias Bob – qui l’amenait elle ne savait Dieu où. Arrivée à destination, quelque peu à l'écart, elle pu retirer son bras. « C’est quoi ton problème ? »

Ecoute, je suis vraiment désolé de la façon dont je t'ai répondu, je n'était pas en état de m'amuser et je suis terriblement désolé de t'avoir répondu sur ce ton, ce ne sont pas des manières à parler aux filles... Et bien d’accord, Emily lui pardonnait. De toute manière, cela n’avait plus aucune importance. Elle allait ouvrir la bouche pour le lui dire, lorsqu’il continua : Je souhaite réellement me racheter et j'accepte ta proposition de tout à l'heure, sache que ça me tient réellement à coeur. Réellement ? Comme cela pouvait-il seulement lui tenir à cœur. Il n’y gagnait rien, à ce jeu. C’était bien ça qu’il lui avait dit, au début, non ? Je te paye un verre, si tu veux, s'il te plaît oublie ce qu'il s'est passé tout à l'heure. On reparti sur de nouvelles bases! Pas le choix, d’une certaine manière, parce que les autres bases qu’ils s’étaient construits une demi-heure plus tôt étaient truffés de mine antipersonnelle. Moi c'est Taylor, est ce que je pourrais connaître ton prénom? Et alors, Emily eut un rire bref et mit la main devant sa bouche pour se retenir. « Désolé mais… Non Taylor c’est bien, mieux. C’est un beau nom. » Autant ne pas lui avouer qu’elle et ses amies avaient fait l’alphabet pour lui en dénicher un plus tôt. Emily pencha un peu la tête sur le côté, comme si elle était en pleine réflexion et considérait l’offre de recommencer à zéro. Elle se redressa et dit alors, en fronçant les sourcils: « Est-ce que t’es en train de te moquer de moi ? … Parce que si c’est le cas et que tu n’es pas sérieux… » Elle laissa ainsi sa phrase en suspend. Puis, elle finit par hausser les épaules et se présenta : « Emily » Mais, elle trouva bon de l’informer, comme pour le décourager, parce que ce qu’il venait chercher pour s’excuser n’était plus disponible: « Le défi est terminé, j’ai perdu. Mais ça tu le savais déjà. » Qu’elle avait perdu, ça il ne pouvait pas l’ignorer, à moins qu’il pensât que le jeu se continuait encore.

Mais que cherchait-il à obtenir exactement ? Emily aurait pu juré que les excuses platoniques n’étaient pas le fort du jeune homme. En tout cas, de leur discussion, il ne lui avait pas laisser s’imaginer qu’il avait quoi que se soit à faire d’elle. Bien au contraire ! Alors quoi, les remords le tailladaient ? Quand même pas au point de lui ruiner sa soirée pour qu’il se précipite vers elle. Oh, et puis, est-ce que ça avait vraiment de l’importance ? Il s’était excusé et elle ne l’avait pas repoussée brusquement, signe, si ce pouvait en être un, qu’elle ne lui en voulait pas. Ou, tout du moins, que ça allait aller, qu’elle passait l’éponge parce qu’après tout c’était presque de la moindre importance tout ça. Son attitude et ce qu’il lui avait dit, et il avait été méprisant, n’allait pas lui ruiner la vie à jamais. Mais elle se souvenait. N’oublierait pas. Qu’importe l’air qu’il pourrait prendre pour se dire désolé et le verre qu’il lui offrirait. Je peux commencer par t'offrir un verre Emily? Elle aurait pu en rire : voilà que le tableau était inversé, que c’était lui qui voulait lui offrir un verre. Comme c’était étrange comme situation! Une vague d’hésitation se peignit sur les traits d’Emily qui porta son regard vers la sortie. Taylor le remarqua très certainement, et comprit sûrement le sens que ce simple regard porter vers la porte du fond signifiait, car il ne lui laissa pas le temps de décliner l’offre. À nouveau, elle se retrouva marchant dans une direction qu’elle n’avait pas choisit : le bar. « C’est une manie, de me traîner comme ça ? » Il y avait l’ombre d’un agacement dans sa voix, mais il y avait aussi un soupçon de rire qui était fait pour l’atténuer, parce qu’à quelque part, elle trouvait ça drôle. Le bar. Le retour à la casse départ. Où tout avait commencé. Étais-ce vraiment le bon endroit pour tout recommencer ? Non en fait ce n'est pas une question, je t'informe! Tu veux quoi? Avait-il vraiment peur qu’elle lui refuse ce verre ? Ce n’était franchement pas nécessaire ! Elle finit par récupérer sa main, lorsqu’il la lâcha. « Je te pardonne, c’est OK. Inutile de m’offrir un verre. » Et peut-être disait-elle ça parce qu’elle préférait partir, comme elle l’avait prévue au départ, ou parce qu’elle ne savait pas de quel œil voir ce revirement de situation, ou très certainement parce qu’elle préférait en finir maintenant avant d’ajouter un autre mauvais souvenir à l’album du jeune Taylor, avant que ces amies ne la voit ainsi, avant de se retrouver coincer. « Écoutes, je sais que tu cherches à être gentil, te rattraper… J’ai compris. C’est pas la peine, c’est oublié, je suis passée à autre chose. Ça n’a plus vraiment d’importance maintenant. » Mais elle ne savait pas encore que pour Taylor, ça en avait beaucoup, d’importance ; que c’était pour ça qu’il s’excusait et se montrait gentil ; non pas parce qu’il était sincère, mais parce qu’il voulait obtenir quelque chose d’elle. Emily ne voyait pas vraiment l’intérêt de prendre un verre avec Taylor, après la scène de plus tôt. Il s’était excusé, elle pouvait s’en contenter et passer son chemin. Elle ne s’était nullement montrée désagréable dans son ton, lorsqu’elle avait parlé, les deux fois, juste le ton de quelqu’un qui en informe un autre que tout est pardonné, la vie continue

Taylor semblait presque vexé par son refus. Et bien, au moins il savait ce que cela faisait de se faire refuser quelque chose que l’on voulait. Elle était prête à reculer et rebrousser chemin, lorsque son regard changea une nouvelle fois. Bon tu as gagné... je n'aurais pas tu parler comme ça, mais les filles vous êtes toutes pareilles... Emily fronça les sourcils. C’était une nouvelle insulte, ou quoi ? Ça ne commençait franchement pas bien. Elle avait ouvert la bouche pour protester, lorsqu’il rectifia le tir : Enfin c'est ce que j'ai pensé quand tu es venu me parler! Mais que disait-il là ? D’accord, c’était ce qu’il s’était dit… et maintenant il avait revu son jugement à son égard ? Bon, manifestement, il avait une dent contre les filles pour une raison quelconque. Emily n’était pas sûr d’avoir envie d’entendre la suite. Et ensuite, Taylor eut l’air dépité. Je l'ai quitté hier, la raison: elle couché avec mon meilleur ami pendant que j'étais en cours. Oh ouais, c’était une belle saloperie, ça ! Alors tu vois quand t'es venu me voir je me suis dit, "Imagine que c'est elle, qu'elle est encore avec toi et qu'elle fait le même genre de jeu avec ses copines, comment tu voudrais que le mec réagisse?", et voilà tu connais la suite! Elle ne pouvait, en effet, pas l’oublier, cette suite. Il n’empêche, elle n’avait franchement rien à voir avec sa copine – ex, plutôt. Mais il était quand même facile d’imaginer qu’il ait pu être dégoûter des femmes, quelle quel soit. Mais je me suis rendu compte trop tard que tu n'étais pas elle, enfin quand j'ai reçu un texto d'elle en plein milieu de notre conversation! Je me suis dit que j'étais allé trop loin, c'est pour ça que je suis revenu te voir! Bon, il avait des remords. Elle voulait bien le croire, il semblait sincère. Et ça expliquait son comportement, pourquoi il avait changé d’idée au beau milieu de la conversation après avoir regardé son portable, pourquoi il voulait lui offrir un verre. Sinon, il l’aurait laissée partir. Ça pouvait aussi expliquer son comportement exécrable et tout ça. Ça ne le rendait pas nécessairement excusable, mais le rendait certainement moins désagréable. « Je suis… désolé pour ta copine ». Elle avait un peu hésité, mais tout compte fait le mot désolé était le plus approprié. Elle le pensait, d’un côté seulement, car une autre partie d’elle se disait qu’elle n’avait décidément rien à voir là-dedans. Est-ce qu’elle était obligé de prendre un verre avec lui pour l’aider avec ses remords ? Ce n’était pas réellement son rôle. Et tout en ne portant pas réellement d’importance à cette histoire de cœur, elle ne put s’empêcher de plaindre Taylor, pendant quelques secondes. Elle soupira, un peu irrité, surtout de se retrouver dans cette drôle de situation où un inconnu lui racontait sa vie de couple, et jeta un coup d’œil aux alentours, comme si elle cherchait de l’aide dans la foule. Puis, elle regarda Taylor et lui sourit, comme pour le rassurer : elle n’allait pas s’enfuir, et elle acceptait la proposition : « Très bien, un verre. Pas plus » Il fallait quand même bien qu’elle pose ses conditions. Même si, de toute manière, elle savait que ça n’irait effectivement pas plus loin.

Ouais... Moi aussi je suis désole pour elle! Elle ne sait pas ce qu'elle a perdu. Aucun commentaire positif ou négatif à dire là-dessus, alors qu’elle aurait cent fois pu se montrer insolente. Parfois, mieux valait s’abstenir. De toute façon, elle ne le connaissait pas assez pour que ce fut amusant de répliquer le contraire. Merci… Emily fit un mouvement de la main dans les airs pour dire que ce n’était rien. Et c’était vrai. Elle pouvait bien rester un peu plus longtemps, après tout elle n’avait rien à perdre. Même si d’un côté, elle n’avait rien non plus à gagner. Et bien, autant le prendre pour un moment de détente, même si elle ne pouvait pas encore juger si Taylor serait de bonne ou de mauvaise compagnie. Il y plein de types barjos dans le bar, et il a fallu que tu tombes sur le plus barjos de la salle! Rassure moi, tu ne portes pas un porte bonheur sur toi? Et elle fut obliger d’en rire, car ça avait un côté assez comique, après tout. « Ce deviendrait plutôt un porte-malheur, dans ce cas ! » Ça avait été un concours de circonstance. Si une de ses amies ne l’avait pas repéré au bar, seul, ils ne se seraient jamais parlés, ils n’auraient jamais eu de friction et Taylor ne serait pas en train de s’excuser avec un verre. Ça n’aurait été ni une occasion manqué, ni bien ni mal. Elle le regarda brièvement et nota : « Ça aurait pu être pire, j’aurais pu tomber sur… le type qui a l’air un peu cinglé près des toilettes, avec d’étranges cicatrices, plein de tatouages et un drôle de regard. » Ah ouais… mais si Taylor avait correspondu à ce modèle, Emily n’aurait jamais accepté le défi de ses amies. Et ses amies n’auraient jamais été assez tarées pour lui faire ça… enfin, peut-être après tout ! « Et toi, dis moi, tu n’étais pas avec des amis ? Attention qu’il ne nous voit pas encore ensemble, ils pourraient encore plus te charrier. » Dit-elle un sourire en coin et avec humour. Il le fallait bien. Elle n’aurait peut-être pas dû ressortir ce stupide fait car c’était la première chose que Taylor lui avait dit, quand elle l’avait abordé. Mais à ce moment, elle l’avait trouvé sympathique. C’était avant qu’il n’ouvre la bouche pour dire d’autre stupidité.